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image : Leigh Bowery, né le à Sunshine (un quartier de Melbourne en Australie) et décédé le à Londres, fut un artiste de performance, mannequin, créateur de clubs et styliste australien, basé à Londres et New York. Il est considéré comme une figure majeure de l’art et de la mode dans années 1980 et 1990 à Londres et New York, influençant toute une génération de designers et stylistes.
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On va à droite pour aller tout droit. En face, deux pions, les bras en croix.
Leurs visages en forme d’interdiction, c’est à dire plus subtil que le sourcil froncé.
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On se demande qui est le boloss d’architecte.
Interdiction d’aller d’un point A à un point B, il faut toujours tout contourner.
A midi, le hall d’entré se transforme en cantine.
La première fois c’était un labyrinthe, aujourd’hui chaque recoin a un surnom.
D’année en année on prend de plus en plus de place. On a doublé de volume.
C’est devenu trop étroit. On ne vient plus que pour faire coucou. Pour noter le décalage.
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On trace direct mais donc en zigzag à la colline.
Notre place ici parmi d’autres ailleurs. La pire de nos places.
On l’appelle colline par esprit de contradiction. Cette cour manque sacrément de relief.
En place au dessus d’un bourrelet de goudron.
La colline c’est bien plus dans notre tête que sur ce simulacre de butte.
Heureusement qu’on est là pour pimper le paysage, pour le petit côté littéraire.
Pour donner un mot mignon à un défaut de construction.
On prend place dans l’ordre alphabétique : Geneviève, Josette, Michèle, Monique et Thérèse.
Ils disent c’est cyclique, bientôt les Jean-Machin.
On dit ils manquent d’inspi. Les prénoms de nos enfants ce sera des chiffres.
A cinq sur un bourrelet de goudron, on se demande qui est le boloss d’architecte.
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90 % de la cour c’est un terrain, sur lequel évolue 20 % d’élèves.
Pour les 80 % restant, un vestige d’escalier, un rebus de préau, un surplus de terrain.
Ils passent leur temps à sortir et à rentrer la tête pour éviter les balles.
Tout le monde est en grappes, personne n’est tout seul.
Club ASMR, a pour objectif d’obstruer les résonnances par tous les moyen, ielles ont des plaques de mousse dans leurs eastpack. Le reste que de la détente.
Club contemplatif, handspinner, passion roulement à bille, leur truc c’est regarder les choses et leurs conséquences. Ielles cherchent la bonne luminosité.
Club airpods, lip sync ielles accentuent les voyelles et marquent les accents avec les mains. Ielles se posent là où chacun.e peut écarter ses deux bras sans se toucher.
Club Slime et pâte à prout, ielles aiment fourer leurs mains dans des trucs fluo, ielles sont aussi très branchés do it yourself. S’isolent car pour d’autres ça donne la gerbe.
Ça sonne, on fait semblant d’hésiter, nos corps en pilote automatique.
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On traverse l’aquarium qui ne doit son nom qu’à la couleur de ses murs.
Une sorte d’amphithéâtre cheap. La tête d’une pièce vide mais c’est là que les plus nombreux se rassemblent.
On s’empile sans faire un bruit dans ce trou rectangulaire.
On contracte nos corps pour amortir nos gestes.
On s’invente toujours un choix. On préfère être en tétris qu’assises à des tables trop basses pour nos genoux. On a doublé de volume. Les chaises ont des échardes à force d’être poncées par trop de culs.
On se tait mais on coordonne nos respirations. On ne sait pas exactement ce qu’elles veulent dire, on ne les a pas associées à des mots mais on sait qu’on se comprend. C’est la sonnerie et pas la faim qui nous indique d’aller manger. On met un peu de temps à retrouver une posture de groupe capable de se déplacer.
Dix jambes demêlées marchants le plus directement possible vers la cantine.
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On colle nos plateaux pour en faire un buffet. Le projet c’est d’avoir un max de pain.
Tout est voué à devenir sandwich : les plats en sauce, les macaronis, les raviolis au boeuf.
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Entre temps, chacune est rentrée se changer.
La requin c’est la tenue correcte exigée, notre vestiaire, de la magie.
On traîne un peu en regardant nos chaussures.
On arpente les rues cherchant la meilleure verticale.
On s’y reposera tout l’après-midi, c’est notre lifestyle.
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Everyday
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Le bon mur a la bonne couleur,
le bon mur a le bon grain,
pas trop foncedé mais pas trop lisse non plus. C’est nous qu’il doit mettre en valeur.
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Elle porte un trench en PVC transparent, un slip en coton blanc et des Nimbostratus Max.
Elle porte une longue robe tube côtelée Vantablack, durag bleu nuit et des Stratocumulus Max. Elle porte un pantalon fuseau façon armure bronze avec une chemise en lin, aux pieds des Altostratus Max. Elle a trois sacs à dos identiques, des Stratus Max et moi un hoodies lumineux framboise, un long short en soie et des Cumulonimbus Max.
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Maintenant qu’on a trouvé notre verticale, on se place les unes par rapport aux autres. On essaie plusieurs placements de groupe pour que ça claque un max. Elle me dit place ta main comme ça, tend plus tes doigts, je lui dit que ses genoux sont pas à la même hauteur ça fait négligé meuf. Des silhouettes passent. Une femme cool aux cheveux gris en pantalon souple rayé. Un trentenaire en forme de septuagénaire. Une vieille dame chic qui s’est relâchée au niveau des chaussures pour plus de confort. Un ventre qui s’échappe d’une chemise. Un bébé sans sexe dans une poussette. Un cou au collier presque invisible. Un garçon aux sourcils épilés. Une chevelure à la couleur innommable. Des sneakers fluos. Une snob avec un sac à dos. Un audacieux en poum poum short. On a beau être baignées de lumière, on les dissèque plus qu’ils ne nous remarquent. Tu prends un bout du monsieur, moi un morceau de la dame. On passe tout l’après-midi à fabriquer des formes ensemble, à avaler une pointe de chaque personne qui passe, à voler un détail de chacun. Certains n’osent pas nous regarder. On connaît les autres mieux que personne puisqu’on ne fait que les observer. On est un peu eux tous mais déformés. On attrape le présent pour en faire du futur. Tout est chiadé, observation, analyse, digestion d’information, réinterprétation. C’est clairement pas du travail d’amateur. Josette a une crampe, de toute façon c’est l’heure de rentrer.
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Quand on se quitte on continue à être ensemble. A l’intérieur, chez nous, on est toujours dehors, devant notre mur à dévorer les autres. Chacune avec ses propres images. À compléter par d’autres types d’images produites par d’autres sortes de gens. Assises sur le rebord d’un matelas ou allongée, nos yeux roulent au ralenti, notent la posture des objets. Une fois, Michèle a voulu lancer un appel vidéo, on a dit pour quoi faire. Puisqu’on a vu les mêmes choses, on pense les mêmes choses, on fait les même choses en simultané. Ils disent qu’on changera parce qu’ils sont jaloux. Tant qu’on voit les mêmes choses, on pense les mêmes choses, on fait les même choses.
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La nuit transforme les images de la journée en salade.
On se réveille toutes nues.
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Elle enfile une chaussette transparente.
Elle se dessine une nouvelle expression dans les sourcils.
Je porte mon jogging entièrement à l’envers.
Elle se fait les ongles pour immobiliser ses mains.
Elle s’habille entièrement de la couleur de sa peau.
On se retrouve devant le collège mais sans y entrer puisqu’on y est déjà passées hier.
Le physio nous téma de loin sans pouvoir quitter sa porte et sa longue file de swags.
Ses yeux bleus tentent un regard noir. On est obligées de rentrer dans ce club, c’est la loi.
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Dans la streert, on s’échauffe en marchant.
Des ronds de tête, des jetés de bras, des grands pliés.
Tout le monde marche pareil alors que les crabes, alors que les poules.
On avance de toutes les façons possibles pour vous donner des idées.
Nos regards se croisent et s’accrochent.
On attend quelques secondes que nos têtes trouvent une expression commune.
Aujourd’hui on se posera là où personne ne passe pour réviser.
à suivre