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quelque chose calme
lutte
chose masse chose
force
mise en bois
cognée
frappée
en longues forêts
en cohortes
en légions de bois
en vagues traversées
où se perd l’âge des temps
on se métamorphose
et ça n’est pas
alors le silence se réduit
à des initiales imprononçables
faces contre faces les forces s’annulent
le retrait est soudain et sans émoi
s’oublie
on tente à nouveau
même si l’on sait déjà que l’on ne pourra
jamais
respirer tout cela
que la liste des moins-un serait trop longue
les prismes sont sans effet
à très haute profondeur
les mouvements ralentissent quand la mémoire affleure
si ce n’est le geste de la fiction
celui que l’on exécute
lorsqu’on tente de repousser les océans
leur masse molle
à l’évidence
se superposent alors des chairs amorphes
des dépôts lents
pour une matière longtemps en suspens
leur odeur cuivrée
manifeste
celle de la couleur rouge
et l’empreinte qu’elle laisse dans la terre
ce qui en émerge à la suite comme fantômes de vie
des bribes d’existences organiques
infimes miettes à sang chaud
projetant de par leur presque présence
une nouvelle aire dépourvue d’avenir
c’est-à-dire peut-être quelque chose qui se dit
dans l’espace de leur suspens
une langue qui se cherche dans leurs mouvements
des unes aux autres
quand aux interstices les tensions apparaissent
et troublent les écarts
c’est qu’ici se joue
en ces espaces qui en laissent si peu
plus encore qu’à la marge
le destin des absences et des quasi-présences
l’incertitude sans cesse répétée
de la possibilité d’en être
de faire entendre une voix
qui résonne suffisamment pour se rendre audible
sinon proprement singulière
un devenir manifeste au présent
comme à l’avenir
un chanté faux confortant le temps
s’assurant la durée
une voix vive comme rituel de jeu
enfreignant ses propres règles
parce que les déserts se forment
étirent les distances
tout autant transmettent les ondes
qui subsistent des déplacements souterrains
ces lieux se replient parfois — quand on sait y faire
partout alors des émergences
relient
on les voit
quand ailleurs dans les urgences du jour
les mailles serrent
et le visible oblitère
frédéric dumond
johan grzelczyk
pascal pesez
captation sonore réalisée pendant la résidence au Phénix scène nationale et pôle européen de culture, Valenciennes, 26-29 octobre 2020