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En informatique, un bug (insecte en anglais) ou bogue est un défaut de conception d’un programme informatique à l’origine d’un dysfonctionnement.
La gravité du dysfonctionnement peut aller de bénigne, causant par exemple des défauts d’affichage mineurs — on parlera alors parfois dans ce cas de « glitch(es) » — à majeure, tels un crash système pouvant entraîner de graves accidents, par exemple la destruction en vol de la première fusée Ariane 5, en 1996.
Un bug peut résider dans une application, dans les logiciels tiers utilisés par cette application, voire dans le firmware d’un composant matériel comme ce fut le cas du bug de la division du Pentium2. Un patch est un morceau de logiciel destiné à corriger un ou plusieurs bugs.
— Définition via wikipédia
Avant le confinement je réfléchissais à nouveau la notion de bug. J’avais été percutée par l’idée de Bilal de mixer la double définition du bug pour n’en faire qu’une seule entité (celle du parasite organique avec celle du bug technologique). Quoi qu’on puisse penser du scénario et de la psychologie des personnages de sa nouvelle trilogie, j’avais trouvé l’idée saisissante.
Lorsque l’on pense au bug, on pense à la technologie immédiatement. A la technologie en tant qu’outils et à son dysfonctionnement. Mais aujourd’hui le jeu de dépendance entre l’humain et sa technologie est devenu si enraciné qu’il devient impossible de penser les effets du bug dans un schéma simple homme/outils. Car le bug n’affecte plus simplement l’outil et son usage, mais l’homme lui-même, sa structure sociale, sa structure économique, sa structure culturelle et son identité. Tout dépend bien sûr de l’échelle et de là où apparaît le bug. Mais le potentiel est grand.
Ce lien est particulièrement frappant dans les univers persistants comme Second Life. Lorsque la technologie bogue, tout à coup on cesse d’exister. L’avatar freeze. Arrêt sur image de la vie en court. C’est plus qu’un jeu dont on sort, un rêve dont on sort, une fiction que l’on referme, c’est la vie qui stoppe net. C’est une syncope dont “on” n’émerge que lorsque la technologie ou le corps reprend son fonctionnement.
Et puis j’aime beaucoup la métaphore de l’homme-plante de K. Dick et différemment de Virillo. L’homme devenant plante, fort d’avoir pu connecter ses flux, retournerait maintenant progressivement à une forme d’état végétatif. Pour reprendre l’analyse de l’ABCDick, “ces deux extrêmes se rejoignent dans la photosynthèse, dans le constat d’un arrêt image, d’un « stop » à la marche en avant de l’humanité…”. Ce stop, le bug. Celui qui stoppe la marche, confine en un espace arrêté, et révèle par son dysfonctionnement des processeurs, mais aussi est un catalyseur de l’évolution en marche.
Alors la métaphore de l’homme-plante dans ce moment de bug généralisé serait-elle on ne peut plus pertinente, alors que nous sommes si nombreux à aligner les petits pots de bouts de légumes et à espérer que notre monde puisse vite repousser ?