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Je n’arrive plus à les ouvrir.
Elle me regarde et rit aux éclats.
Ouvre les yeux…
Il me regarde et me taquine…
Mes paupières sont deux demi-sphères de verre dépoli. Je perçois leurs ombres danser dans la lumière diffuse.
Douceur d’un soir d’automne au coucher du soleil, quand la rosée perce sur les jeunes pousses, vert tendre.
Ouvre les yeux !
Je fonds en larme, qu’est-ce que je ne veux pas voir.
Ferme les yeux, laisse tomber les écailles nacrées.
Ils rient aux éclats, moqueurs invisibles.
J’ouvre difficilement les yeux, en cet instant furtif où le monde du rêve se mêle au réel du nid.
Pourquoi ouvrir les yeux ?
J’ai envie de hurler :
Qu’est ce que tu veux me dire ?
Je regarde la toupie, sa délicate harmonie faite d’équilibres et de mouvements.
Le nid est doux et confortable.
J’observe l’infra-mince fil de soie et pourtant bien solide, qui se noue et se dénoue autour du Moi, de moi.
Un ciel barbe à papa, multicolore, se dévoile à la fenêtre du phare.
Beauté éphémère du soleil couchant sur le zinc humide,
instant fugace aussi précieux que la dernière braise dans le foyer au petit matin.
Le soir vient, tout est paisible et pastels.
Ferme les yeux.