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3 cicatrices *
Que délimitent-elles ?
Que vois-je sur ce ventre ?
Une moue,
un réseau
Cicatriciel
Comme un sourire un peu tordu
Prolongé en symétrie quantique par un trait
de rouge à lèvres
Des Torsades teintées d’une coccinelle ponctuatrice
d’un fleuve elle est sentinelle
Sur le gué
D’un sens perdu
🐞
J’y vois
Une raie dans le ciel
Elle s’est perdue
dans l’eau
Une raie d’oreiller
Un Vaisseau spartiate se dessine sur mon ventre
Difficile à réparer
L’agrégation cicatricielle
La somme de mes plaies nécessaires
acceptées
avec une forme de joie endolorie
Est ce qui me plaît
Dans ce mal nécessaire
Un lassis de traçes
Serpente au fil
De plaies refermées
Devenues
géographie ventrale
Un mal dont je gué-rirais
Au centuple
Ou jamais
Il s’agissait
De circonscrire
L’étendue du mal
D’en entendre l’origine
Pour en délimiter les contours
Dans les replis parcheminés
De la peau
Dans les interstices
De la volonté
De le dépasser
Ou, disons, de le traiter
Daignera la coccinelle reboucher la fuite
résiduelle dont elle est la garde-barrière ? Cet insecte ventral est un bourgeon revenant sans cesse par ce qui reste à cicatriser
Il réapparaît mystérieusement, déguisé en coccinelle, bourgeon témoignant à sa façon de l’éternel bourgeonnement printanier
(Grâce soit rendue à Mouna, Rachida et Céline, mes complices infirmières libérales, qui font disparaître à l’aide d’un crayon de nitrate ce bourgeon revenant)
Je vois le petit monde de mon ventre
Devenir une tentative
Une tentation
de transcendance
au fil s’effaçant
Peut-être
Se jouer de tout,
du trou, du trop,
du trop plein,
Du troupeau
De l’angoisse du rien
Afin
de n’être
pas déjoué
Afin de rester enjoué
En dépit de tout
Faire fi, faire fil du temps détrônant l’enfant
En faire fi, fissa !
Vieille ficelle
sortilège
Des illusions indispensables
Battant en brèche l’enfouissement
Du dé à jouer
Dedans
La nuit tire le fil du dé
Auquel j’ai confié le soin
De conserver ma joie
Et son pesant de mélancolie
La cicatrice se débobine
La fissure s’agrandit
béance y revient
sans-fil ni fin
En rêve
Plaie maternelle
De la consolation
La joie de ce qui est
Est la mélancolie
de ce qui n’est plus
Et vice versa
C’est consubstantiel
Je confiais donc à la mélancolie
le soin de conserver ma joie
Et vice versa
(Dans Lavidéal) ∇ Je ne vais pas si mal
Ainsi s’achève cette tentation de transcendance.
#parallelespotentiels
* Les cicatrisations de 3 opérations : Côlon, stomie -mise en place puis ôtée-, foie droit.